Archives de Catégorie: Thèse – Journal de Bord

Du pouvoir

 SpinozaEn suite au post précédent, je crois qu’il convient de réfléchir au pouvoir, puisque c’est l’exercice fort de celui-ci (Command and control) qui bride les individus dans leurs capacités de création individuelle et collective. Dissoudre un tel pouvoir est loin d’être évident bien sur. Questionner la légitimité et l’efficacité de l’organisation hiérarchique est un débat important, notamment chez les libéraux et les anarchistes, qui ne date pas d’hier. Pour moi aujourd’hui, le meilleur point de départ pour comprendre le pouvoir est l’éthique de Spinoza et son chapitre IV et V sur la servitude. Frederic Lordon en fait une synthèse accessible dans son livre Capitalisme, désir et servitude, spécialement sous forme vectorielle. Il y paraphrase Spinoza qui décrivait comment chaque individu est habité par un désir-propre ou conatus (ce à quoi l’individu aspire de lui-même) mais qu’il est soumis à un désir maître (ce qu’un autre veut que l’individu fasse). Lordon caractérise l’angle qui sépare la force des deux formes de désirs, et plus cet angle est à l’opposé du conatus, plus le désir-maître imposé est en complète contradiction avec ce que veut l’individu. Il l’appelle par convention « l’angle alpha ». Par exemple, un désir-propre assez répandu consiste à jouir de sa liberté de mouvement, ainsi une autorité qui viendrait mettre cet individu en prison à perpétuité vient s’opposer à 180° à lui. Mais « l’angle alpha », aussi grand soit-il ne fait pas tout, c’est la force de l’un et de l’autre désir qui compte également. Une autorité peut bien vouloir vous mettre en prison à perpétuité, mais si il n’a ni police, ni prison, ni aucune espèce de pouvoir pour vous l’imposer, il est possible de continuer à jouir de sa liberté de mouvement sans contrainte.  Lire la suite

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L’agriculture post-moderne

Sans titreUn article récent réalisé dans le cadre du projet Biobio s’est attaché à observer les différences de représentations de « la biodiversité » chez des agriculteurs européens (France, Italie et Hongrie), bio et conventionnel. Une des conclusions principales est que les représentations sociales et éthiques sont mentionnées par tous les agriculteurs. Ce premier point est déjà intéressant car on aurait pu supposer un rapport uniquement utilitaire des agriculteurs conventionnels. Toutefois, les représentations sociales et éthiques sur la biodiversité sont placés en priorité par les agriculteurs bio par rapport à leurs collègues conventionnels qui mettent d’abord en avant le rapport utilitaire.

Cela traduit je crois une différence très profonde entre ces deux mondes mentaux. Les auteurs relatent également que si les considérations culturelles et morales sont très souvent mentionnées, elles différent beaucoup en nature. Là où des agriculteurs conventionnels trouvent un terrain d’entente aisé par les logiques utilitaires et économiques, il serait bien plus compliqué de trouver un terrain d’entente commun à ceux qui mettent leurs valeurs en avant en premier. Je crois que ça participe d’une petite révolution mentale qui est en train de s’épanouir sous nos yeux. C’est le projet de la modernité né en France qui s’érode pour laisser place à la complexité. Lire la suite

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